EVARS : de quel combat parlons-nous?

L’Education à la Vie Relationnelle Affective et Sexuelle est un sujet d’actualité, suscitant peurs et questionnements.

Des confusions peuvent naître de méconnaissances, d’informations partiellement glanées, d’interprétations laissant place à des craintes parfois infondées.

C’est un sujet délicat parce qu’il touche à l’intime, et qu’il résonne selon l’histoire, l’éducation, les valeurs et les croyances de chacun.

Au début de mes conférences ou formations, je laisse s’exprimer les peurs, voire la panique pour certains, la colère, l’incompréhension, parfois l’indifférence et le désintérêt.

Puis, je replace le combat.

De quoi parle-t-on ? redéfinir précisément ce qu’est l’EVARS permet de rassurer.

Quand on est en charge d’enfants ou d’adolescents, on ne peut pas faire l’impasse sur l’éducatif. Transmettre un savoir implique la transmission de compétences et de valeurs, notamment en termes de vie relationnelle et affective. C'est l’objet de ce programme.

Clairement, pour les ados, ces sujets occupent une grande partie de leur vie, de leurs questions, de leurs préoccupations. S’intéresser à ce qu’ils vivent et les faire réfléchir sur ce qu’ils glanent sur les Réseaux, voilà de quoi susciter un meilleur climat scolaire. Ils sont avides de trouver des repères et d’avoir une parole contenante qui donne sens et cadre.

Nous, éducateurs et professionnels de terrain, nous sommes tellement conscients de l’ampleur de la tâche que nous ne pouvons que nous réjouir de ce programme, qui vient valider ce que nous faisions déjà. Et vous engager à prendre part au combat que nous menons depuis des années.

Pas un combat contre nous. Pas un combat contre un programme. Un combat pour protéger notre jeunesse.

Un combat pour proposer leur proposer autre chose que les algorithmes Tik Tok, le porno main stream, l’intimité monétisée sur Only Fans, les relations sous contrôle et la déprime ambiante.

De quel combat parlons-nous ?

Comme tout programme d’enseignement, ce nouveau programme ne peut répondre à toutes les attentes et exigences de chaque parent et/ ou professionnel.

Il a pourtant le mérite de transmettre des valeurs fondamentales comme le respect de soi et de l’autre, de promouvoir l’égalité homme/ femme, de protéger des violences.

Les séances proposées sont des espaces de parole et de réflexion à partir d’outils choisis, elles n’ont pas vocation à imposer des idées teintées de militantisme ou de prosélytisme en tout genre.

 Leur finalité est de permettre aux jeunes de mieux se comprendre, de réfléchir aux relations, d’éveiller au sens de la sexualité. Les jeunes que nous rencontrons sont reconnaissants de pouvoir échanger sur ces sujets.

Souvent seuls face aux écrans, face aux difficultés de leurs relations, ils tentent en vain de trouver des réponses adaptées. Ce qui est vu et entendu seul devant un écran nécessite d’être parlé, analysé, réfléchi.

Tous ont besoin d’être écoutés et rejoints dans leurs questionnements ; ils ont besoin d’être informés, protégés et responsabilisés ; ils ont besoin de repères et de clés pour se construire et apprendre à aimer ; pour cela ils ont besoin d’interlocuteurs formés et outillés qui puissent les accompagner sur ces sujets.

Le combat n’est pas le programme en lui-même.

Le combat se situe sur d’autres terrains.

Le combat se situe d'abord sur le terrain de la formation.

Pour pouvoir aborder en toute sécurité et sérénité ces sujets, il faut en avoir saisi les contours, compris la finalité, saisi la finesse, la largesse, la profondeur, et avoir réfléchi à la fois à l’aspect pédagogique facilitateur de transmission, mais aussi à sa posture éducative.

La posture favorise ou freine les échanges.

Les jeunes ressentent l'authenticité et la bienveillance de l'adulte dans la considération qu'il a de chacun, et ce n'est pas ce qu'il va dire mais la façon dont il va le dire qui va les marquer.

Le combat se situe aussi sur le terrain de l’accompagnement des parents.

Le parent sait mieux que tout autre ce qu’il souhaite transmettre à son enfant.

Un parent soucieux de transmettre ses valeurs et ses convictions, attentif à construire et faire grandir une relation sécure et confiante avec son enfant, ne peut craindre qu’un programme d’enseignement vienne tout à coup influencer ses jugements, sa façon de voir les choses, ses choix de vie.

Un enfant baigné dans un climat d’accueil et de respect, où les sujets sont parlés et les valeurs vécues en vérité, sera armé et plein de ressources pour analyser avec discernement ce qu’il entend et ce qu’il voit.

Pour les parents qui appréhendent les séances d'EVARS, prendre le temps de se questionner et de mettre des mots sur les peurs est important. Et puis pourquoi ne pas s’emparer de cette opportunité offerte.

Au lieu de combattre, on peut mettre des mots avec son enfant.

Cette séance peut être l’occasion d'un dialogue constructif sur ces sujets, en amont mais aussi après. Qu’a-t-il retenu, pensé, ressenti ? Pour le parent, c'est le moment d'écouter, de questionner, et de rajouter ce qui lui semble important à transmettre.

Alors, ne nous trompons pas de combat et œuvrons ensemble pour permettre à nos enfants et adolescents de se construire sereinement et de s’épanouir dans des relations de qualité.