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"Ouvrez grand la bouche et régalez-vous", la Quequetterie s'installe à Toulouse.


Des pancakes en forme de pénis et de vulves vont débarquer à Toulouse.

La « Quéquetterie » s’apprête à s’installer en plein cœur de la ville rose, d’ici mi-août. Au menu, des gaufres en formes de « quéquettes et de foufounes ».


Un concept qui, parait-il, fait déjà des émules à Paris, et qui, fort de son succès, tend à se déployer dans plusieurs villes de province.


Les pancakes en forme d’organes génitaux, plutôt facile comme concept. Mais côté marketing, c’est très fort !

« Ceci n’est pas une gaufre », « ouvrez grand la bouche », « envie d’une gâterie », « à prendre ou à lécher », « we are open »( …) … Des slogans qui font clairement allusion aux pratiques sexuelles, accompagnées de dessins suggestifs et enfantins, sur fond rose bonbon.



Un cocktail bien ficelé, insidieux, provoquant, qui colle parfaitement à notre culture sexualisée et qui fait sourire les grivois, ricaner les gênés, déprimer les plus âgés.


La promotion de pancakes en forme d’orteils ou d’oreilles, cela n’aurait jamais procuré autant d’effet. Certains auraient peut-être osé dire que ça les dégoûtait, et leurs réflexions auraient été tolérées sur les réseaux. Avec le sexe, c’est différent.


Le sexe est roi, le sexe fait vendre. Quelle aubaine pour ceux qui savent en profiter. Ils peuvent compter sur le côté docile du consommateur : laissons-nous tenter, c’est si drôle !


Car ce qui m’a interpellée, en dessous de cet article lu sur FB, c’est le nombre de commentaires accompagnés des fameux smileys « morts de rire ». Les adultes en rient à gorge déployée, se taguent, s’interpellent tout émoustillés, salivent, se gargarisent… Imaginer à l’avance, entourés de leurs amis, leur future orgie de vulves et de pénis de façon si décomplexée les rend hilares.


Et pourtant, au milieu de tous ces commentaires, deux femmes ont osé … ne pas en rire….

Un commentaire décalé, émis par une femme, « quelle honte » est tout de suite balayé par un « mais non » mort de rire…


Mais non ma pauvre dame, il n’est pas de bon ton d’exprimer ses émotions, surtout lorsqu’elles osent différer de celles émises par la majorité. Quelle réac…. Sûrement d’un autre monde, d’une autre génération … Vous n’avez le droit que de rire, ne le saviez-vous pas ?


Une autre écrit juste : « j’ai 4 ans et on m’a autorisé à ouvrir une boulangerie ».

Ce commentaire me plaît.


Cette euphorie collective serait-elle le signe d’une régression commune, confortée par l’élan de la meute ? Stade oral, anal, génital ? J’hésite… Les trois stades semblent s’entremêler… En tous cas, on est bien de retour en enfance. C’est doux, sucré, et riant.

Rendez-vous au stade « touche pipi » des 3/ 4 ans. Et là c’est encore plus « drôle » on est rendu au stade « mange pipi ».

Mais alors, pourquoi une telle hilarité ? Serait-elle la manifestation d’un malaise que l’on tend à dissimuler ?

D’où pourrait venir le malaise qu’il est interdit de ressentir, encore moins d’exprimer ?



Acheter en riant des organes génitaux en forme de gaufres, que l’on fourre soi-même de toppings choisis ( notre liberté est sauve…), cela nous serait-il vraiment, au fond, complètement indifférent ?


Ce concept excite les adultes. Certains adultes. Soit. Ils ne sont donc pas indifférents.


Et nos jeunes ???



Qui a pensé à ce que cela pouvait susciter chez nos enfants et nos adolescents ?


Sans exception, les enfants et les adolescents que je rencontre dans mes interventions en vie affective et sexuelle énoncent leur gêne à parler de ces sujets, et osent dire, parce qu’ils en ont enfin l’opportunité, les émotions suscitées par les images et les vidéos exhibant nudité et scènes de sexe, plus ou moins crues, sur les affiches de pubs, sur les réseaux, dans les films et les séries.


Exhiber l’intimité, cela les met à mal.

Cela les impacte. Les gêne. Suscite un malaise. De la confusion. Un cocktail d’émotions difficile à gérer. N’en déplaise aux adultes qui semblent trop souvent l’oublier, nos enfants ne sont pas des adultes miniatures, ils sont en construction.


A travers ce concept si amusant, quel message pour nos enfants ?

On promeut aujourd’hui la prévention des violences sexuelles. Le cœur de nos interventions, c’est donc de faire prendre conscience aux enfants de la valeur des organes génitaux. Qui prendrait soin de quelque chose dont il n’a pas conscience et dont, par conséquent, il néglige la valeur ? Quand on évoque la pudeur, qui protège leur bulle d’intimité, cela les rassure, les conforte, les apaise.

Promouvoir les organes génitaux en pan cakes ruisselants de chocolat et de crème, s’est-on posé la question de savoir si cela respectait leur pudeur ?


Quel message pour nos ados en pleine puberté ?

Dur d’être ado, d’accepter son corps qui change. Dur de gérer ses pulsions et sa sexualité naissante émoustillées par les hormones en éveil. Il faut apprivoiser ce nouveau moi qui est en train de naître.


Relayer les organes génitaux au rang de denrées périssables, pouvant être consommés sans vergogne, avec obligation d’en rire de façon décomplexée, cela forcerait-il le respect ?


Ces slogans suggestifs, qui prônent une représentation banalisée des pratiques sexuelles ne fait que conforter ce qu’ils voient déjà sur You Porn. Tout est rondement mené. La boucle est bouclée. La roue tourne, semant dans son sillage stupeur et confusion, et surtout, il faut en rire…


Rien ne sert de réfléchir. Le sexe, sous toutes ces formes, attire et fait consommer. C’est l’essentiel.


Quand la légèreté des adultes, attelée à leur cupidité, laissera place à la prise de conscience de leur responsabilité envers les plus vulnérables, peut-être que la beauté et la valeur de l’intimité reprendront leurs droits.



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